ADOLFO PEREZ ESQUIVEL
Prix Nobel de la paix
« Sur ce chemin, j’ai toujours éprouvé le besoin de regarder vers l’intérieur, vers la spiritualité, qui acquiert une nouvelle vigueur et se fortifie dans la transcendance de l’humanité en partageant le pain et la liberté avec nos peuples. Malgré la situation actuelle que vit le monde et notre continent, malgré les guerres, la faim, la pauvreté et la marginalité, nous ne pouvons pas baisser les bras. Nous devons continuer la résistance et nous fortifier dans l’unité et la solidarité entre les peuples. »
Adolfo Perez Esquivel est né à Buenos Aires (Argentine), le 26 Novembre 1931.
Il suit des études au Collège San Francisco, puis intègre l’Ecole des Beaux-Arts de Buenos Aires et l’Université nationale de la Plata.
Artiste accompli en peinture et sculpture, il enseigne parallèlement dans différentes écoles. Durant 25 ans, il partage son savoir avec des enfants du primaire et du secondaire, mais aussi avec les étudiants de la Faculté d’Architecture et d’Urbanisme de la Plata.
En tant qu’artiste, ses oeuvres sont reconnues et exportées dans le monde entier. On lui doit le Monument des Réfugiés du siège central du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés en Suisse, une fresque sur les peuples latino-américains à la cathédrale de Riobamba en Equateur, une peinture morale dédiée à Monseigneur Proano, l’évêque des pauvres, et aux peuples indigènes d’Equateur. Deux tapisseries: le « Chemin de croix » et le « Carême » sont exposées et reproduites en Allemagne et en Suisse. Des reproductions ont été distribuées dans d’autres pays d’Europe et d’Amérique latine, ainsi qu’au Canada.
L’autre « facette » de la vie d’Adolfo Perez Esquivel est son engagement pour le respect des droits de l’homme.
Dès les années 60, il commence à travailler avec des organisations de mouvements chrétiens orientés vers les plus pauvres, dans une démarche de non-violence. Il fait, ainsi, front à la violence qui secoue le continent latino-américain subissant des dictatures militaires tortionnaires. Pour faire connaître sa philosophie, il publie, en 1973, la revue « Paix et Justice ». En 1975, il est nommé coordinateur général de tous les groupes et mouvements chrétiens pour la libération de l’Amérique latine par des moyens non-violents. Ces groupes sont composés de religieux, de paysans et d’indigènes, de personnes de milieux populaires ou intellectuels. Ils décident d’actions pour faire face à la violence et l’oppression subies jour après jour. A cette époque, les séquestrations, tortures, disparitions forcées, et assassinats sont légion.
Le Chili, le Paraguay, l’Argentine, le Brésil et la Bolivie vivent ce que l’on a appelé: la guerre sale. D’autres mouvements tel que celui des Mères de la Place de Mai apparaissent. Ces mères sont celles d’enfants disparus ou assassinés dans les années 1973-1983 par des hommes au service du pouvoir.
Adolfo Perez Esquivel organise une assemblée permanente pour les droits humains. Il participe à la création du Service Paix et Justice (SERPAJ), et développe une campagne internationale afin de dénoncer publiquement les atrocités perpétuées par la dictature militaire argentine.
En Aout 1976, il est détenu par la police fédérale de Buenos Aires. Emprisonné et torturé pendant 14 mois, sans le moindre procés, il reçoit , en prison, le Mémorial de la Paix Jean XXIII, décerné par Pax Christi International.
Deux expériences marquantes
« Je ne peux m’empêcher de raconter ici deux expériences que j’ai vécues en prison durant la dictature militaire et qui ont été pour moi des situations limites entre la vie et la mort. D’abord, cette tache de sang sur le mur du cachot du centre de tortures où un prisonnier ou une prisonnière, qui m’avait précédé là, avait écrit avec son propre sang “Dieu ne tue pas”. Cet acte d’une foi profonde et d’un réel engagement exprimait bien au nom de tous les morts et de tous les disparus, cette résistance des peuples qui malgré la souffrance n’a jamais faibli. Ils ne sont pas arrivés à nous vaincre et nous continuons la construction d’un monde plus juste et plus fraternel. »
« L’autre expérience vécue a été celle du vol de la mort du 5 mai 1977. J’ai survécu grâce à la solidarité internationale qui les a empêchés de me jeter à la mer comme tant d’autres prisonniers. Dans cette situation limite entre la vie et la mort, la prière a été ma véritable force et je pensais aussi à ma famille et aux peuples d’Amérique Latine. Beaucoup de souvenirs sont remontés alors avec force à mon esprit et à mon cœur. Le jour se levait et à l’obscurité succède toujours la lumière ».
Il est placé ensuite en liberté surveillée pendant à nouveau 14 mois.
Prix Nobel 1980
Le Prix Nobel de la Paix lui est remis en Octobre 1980.
« Je vous remercie pour cette haute distinction et j’accepte ce Prix Nobel au nom des peuples d’Amérique latine, spécialement au nom de nos frères indiens, des paysans, des organisations populaires, des travailleurs, des religieuses et des religieux, et de tous ceux qui partagent la vie, les angoisses et les espoirs, ensembles avec les peuples qui luttent jour après jour pour un monde meilleur. »
Il continue son travail de défense des droits humains, des droits des enfants, d’une éducation pour la paix.
Il participe à des missions internationales de solidarité comme le « Bateau de la Paix » au Nicaragua en 1987, ou le « Bateau de la Solidarité » en Pologne. Il suit des campagnes contre l’Apartheid en Afrique du Sud, en Afghanistan, au Moyen-Orient, ou au Tibet.
En Février 1994, il participe, avec d’autres Prix Nobel, à une mission en Thailande, pour la libération de Aung San Suu Kyi. En 1995, il se rend à Hiroshima pour une conférence ayant pour thème « Le Futur de l’Espérance ».
La ville de Buenos Aires l’a nommé Citoyen Illustre en 1995. En 1996, il reçoit le prix de Citoyen du Monde. En 1999, le prix Pacem in Terris. Plusieurs universités du monde lui ont décerné le titre de Doctor Honoris Causa.
Il est aujourd’hui Président d’honneur du SERPAJ en Amérique Latine, Président de la Ligue Internationale pour les Droits et la Libération des Peuples, Membre du Tribunal Permanent des Peuples, et Président de l’Académie de l’Environnement de Venise.
Il travaille, avec le SERPAJ, à un projet visant à aider les enfants en grande difficulté sociale: « Le Village des Enfants pour la Paix ».
Il est aussi à l’origine de « l’Appel des Prix Nobel de la Paix pour les Enfants du Monde » adressé aux Nations Unies. Celles-ci ont déclaré l’année 2000: Année Internationale de la Culture de la Paix, et déclaré la première décennie du nouveau millénaire: Décennie Internationale pour la Promotion d’une Culture de la Non-violence et de la Paix au profit des Enfants du Monde.
« Le 3ème millénaire doit être celui de la solidarité avec les peuples qui en ont le plus besoin. »
Laetitia Adeline pour www.buddhachannel.tv