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Deepak Chopra : ‘Le Tibet n’est pas une Mise à l’Epreuve bouddhiste’

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LE TIBET N’EST PAS UNE MISE A L’ÉPREUVE BOUDDHISTE [[Traduit de l’Anglais par Hélène LE, pour www.buddhachannel.tv ]] [[Photo présentation : www.itinerances.fr ]]


02.04.2008

Deepak_Chopra_portrait.jpgSan Francisco, USA – Alors que les violences continuent au Tibet, le Dalai Lama a publié une déclaration sévère dans laquelle il affirme qu’il ne peut s’aligner sur l’insurrection de sa patrie. Le Bouddhisme repose sur plusieurs piliers, dont la non-violence. Le Tibet est rapidement devenu un genre de mise à l’épreuve bouddhiste.

Quelle somme de douleur et d’oppression peut-on supporter tout en faisant montre de compassion et de bienveillance aimante? Je me demande si c’est vraiment juste. Les Tibétains traversent une crise politique qui demande une action politique. Quel que soit cette action, personne ne devrait être vu comme bon ou mauvais bouddhiste, de la même manière pour un Chrétien, que défendre sa maison contre un assaillant ne mesure pas s’il vit selon les préceptes de Jésus ou non.

En Inde, où il a prêché la non violence, ou Ahimsa, Gandhi a affronté un empire britannique déclinant, contraint d’abandonner ses possessions démesurées. La chance historique était de son côté, et suite au pacifisme de Gandhi, l’Inde a gagné son indépendance. Mais le Dalai Lama a du faire face a de multiples malchances historiques. La Chine est un empire qui s’étend, et son racisme enraciné lui permet d’envahir les natifs tibétains « inférieurs » sans aucun scrupule. Est-ce que le pacifisme fera effet dans ce cas de figure? La vraie question étant : est-ce que quelque chose fera effet? Ce qui ne signifie pas non plus que le régime de Pékin peut être défait par la force. On se souvient que Gandhi combinait pacifisme et résistance, alors que les Tibétains ont jusque là plongé dans un pacifisme inerte qui pourrait bien conduire à leur extinction culturelle.

Nul doute que le conflit, aujourd’hui vieux d’un demi-siècle, est enchevêtré dans la religion et un entrelacs d’autres composantes : idéologie communiste, fantasmes de restauration du passé glorieux de la Chine, et beaucoup d’autres. Mais Bouddha, comme Jésus, n’a pas initié de religion. Il s’intéressait à la manière de vivre en ce monde, et être enchevêtré dans la douleur et la confusion humaine est un dilemme éternel. Qui n’a pas nécessité d’impitoyables bureaucrates en Chine. A travers les siècles, les cultures échouées, les maladies endémiques, et la pauvreté ont suffi à engendrer la souffrance. Il serait superficiel de dire que Bouddha et Jésus sont parvenus au même remède – être en ce monde mais pas de ce monde – mais personne n’a besoin de passer le test non plus.

Ce que Bouddha et Jésus avaient indubitablement en commun était l’intuition qu’un autre royaume d’existence transcendait le monde matériel. On demande aux Bouddhistes de respecter la manière d’accéder à ce royaume. Rien n’ordonne (aussi loin que ma connaissance limitée puisse aller) de s’engager dans le monde pour régler ses dilemmes tortueux. En effet, Bouddha est connu pour avoir enseigné que de telles solutions n’existent pas. Il est futile d’appliquer le Bouddhisme à une crise politique – ou au fiasco d’une hypothèque d’ailleurs – car lutter avec le monde matériel ne conduit jamais à la liberté, à l’accomplissement, ou la paix.

On pourrait rétorquer que le Dalai Lama se comporte en bouddhiste exemplaire en conservant une sérénité aussi parfaite, ce à quoi j’acquiesce complètement. Mais il est parvenu à son degré de conscience pour lui-même. Il s’agit d’un cas où la vertu doit être sa propre récompense. Le monde regarde et admire le Dalai Lama ; il ne change pas pour lui. Mon intention n’est pas de donner un conseil aux bouddhistes tibétains, ni d’adopter une position supérieure à quiconque. Il est juste évident pour moi, que le Tibet ne devrait pas être un test de pureté religieuse alors que toute une population est lentement enfoncée dans la poussière. La contenance pacifique du Dalai Lama ne devrait pas non plus servir d’excuse au reste d’entre nous, pour nous écarter et ne rien faire, comme s’il fallait prouver combien nous sommes vertueux.


Par Deepak Chopra

Source : www.HuffingtonPost.com

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