Un moine a choisi sa fonction pour étudier, pour pratiquer et transmettre le Dharma, mais aussi pour aimer. Sans la conscience des autres, la vie perd de son intérêt. D’où l’importance de la compassion dans le Bouddhisme.
Par empathie, par compassion, les moines birmans d’habitude si réservés se retrouvent aujourd’hui au coeur de la tourmente.
Nous voulons tous la paix, bien qu’elle nous échappe dans l’agitation de nos émotions.
Pourtant, dès la moindre agression, parfois minime,
nous réagissons immédiatement de façon incohérente.
Nos pulsions violentes ressortent si facilement…
face à des riens parfois : une parole, un coup de klaxon, une critique…
Imaginons ces moines, assis devant les militaires en armes,
des militaires nerveux prêts à perdre leur contrôle,
des soldats hurlant pour faire peur afin de masquer leurs propres peurs.
Imaginons que votre voisin soit insulté, frappé ou même tué.
Face à l’injustice, face à l’agression, sommes-nous capables de rester dans la non-violence?
Que ferions-nous dans de telles circonstances ?
Même si « philosophiquement », nous nous sentons non-violents,
nos émotions ne vont-elles pas s’emballer ?
N’allons-nous pas perdre notre contrôle et nos bonnes intentions?
Comment serions-nous devant ces militaires et cette junte?
Nous sommes tous capables au hasard de certaines circonstances d’être des héros ou des couards.
Mais nous ne pouvons affirmer comment nous saurions.
Or ces moines ne sont ni héros, ni poltrons.
Héros, ce serait indigne de leur pratique, une forme de violence et d’arrogance.
Poltrons, leurs peurs les domineraient.
Ces moines nous montrent combien ils ont dû pratiquer dans le silence de leur monastère
pour appliquer la même attitude au grand jour de la violence.
Nous ne pouvons que nous incliner
devant leur vertu, leur calme, leur abnégation, leur lucidité.
Car ils sont fantastiquement lucides.
Sans cette vision juste, ils n’auraient pas participé à ces manifestations.
Sans leur attitude juste,
ces hommes, ces simples hommes seraient entrés dans la spirale de leur propre violence.
Un moine doit prôner l’exemple, certes.
Ne donnent-ils pas aujourd’hui un exemple fantastique pour éclairer nos vies?
Ces derniers jours, la foule birmane les entourait pour les protéger et les soutenir.
Le monde entier doit les protéger et les soutenir.
Nous tous devons aussi les remercier pour cette liberté dont ils font preuve
et pour l’aide qu’ils nous apportent dans notre pratique du quotidien.
De Tokyo, Alain Delaporte-Digard pour www.buddhachannel.tv