LIBERTE DE CROYANCE CONTRE LIBERTE D’EXPRESSION
Dans le procès des caricatures de Mahomet qui se termine aujourd’hui, ceux qui réclament la liberté d’expression désirent-ils supprimer la liberté de croyance ? Il semblerait que non. Alors où est philosophiquement et religieusement le problème, si la liberté de culte est assurée.
Ne peut-on pas rire de la religion, des religions ? La caricature religieuse est-elle sacrilège? L’humour sur un Bouddha ou un Christ est-il une atteinte aux croyants?
Aujourd’hui, le journal Charlie Hebdo est poursuivi pour avoir diffusé il y a un an les caricatures danoises de Mahomet. Le motif : injure publique à l’égard d’un groupe de personnes en raison de leur religion. Peut-on estimer que ces dessins constituent une injure publique? Tel est le dilemme auquel s’attelle le Tribunal correctionnel de Paris. Philippe Val, le directeur de la publication de Charlie Hebdo parle d’un « procès médiéval » et estime que « c’est la liberté d’expression qui est mise en cause. »
Est-ce plus grave de rire de la religion que de critiquer la politique, par exemple? Dans un pays comme la France très sensible aux sectes, comment se situer face aux religions ? Une religion n’est-elle pas une secte qui SOCIALEMENT a réussi à être reconnue? N’a t-on pas le droit d’avoir des doutes, des critiques? La religion doit être vécue dans la paix de son coeur.
Pourquoi y aurait-il incompatibilité entre la liberté de croyance et la liberté d’expression ? Au delà des religions, n’est-ce pas simplement le problème personnel de certaines personnes qui ont du mal à combiner deux principes complémentaires. : un croyant doit pouvoir accepter la liberté d’expression, et un libre penseur doit accepter la liberté de croyance, an nom même de la liberté.
Hier, Nicolas Sarkozy, par une lettre lue lors de l’audience, a apporté son soutien à Charlie Hebdo : « Je préfère l’excès de caricatures à l’absence de caricatures ». François Hollande à la barre a présenté ce procès comme un « abus de droit. »
Belle et bonne journée dans la tolérance.
Alain Delaporte-Digard