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Pourquoi prendre Refuge

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Refuge signifie « protection ». Prendre refuge, c’est se placer sous une protection. Contre quoi ? Contre la souffrance.
 
unknown.jpgIl est clair que tous les êtres désirent le bonheur, pourtant ils ne l’obtiennent pas. Tous désirent éviter la souffrance, ils la rencontrent pourtant. Le contrôle de la situation nous échappe. Nous cherchons donc des remèdes.
 
On pense communément que l’effort des humains, le déve­loppement des sciences et des techniques, le progrès matériel, permettront d’échapper à la souffrance, ou du moins contibue­ront à la diminuer de manière significative. Ce n’est que très partiellement vrai. Les modifications apportées au monde ex­térieur peuvent conduire à des solutions superficielles et ponctuelles au problème de la souffrance, mais elles ne peuvent le résoudre ni profondément ni à long terme, car elles ne s’attaquent pas aux causes. Or, tant que la cause n’est pas sup­primée, on ne peut espérer la disparition durable des effets. Même si la souffrance paraît s’effacer momentanément, elle reviendra nécessairement. Le bonheur ne peut être, dans ces conditions, que passager ; la porte reste ouverte à de nou­velles souffrances.
 
En vérité, tant que nous ne nous tournons pas vers l’esprit, tant que nous restons fixés sur les apparences extérieures et que tous nos efforts sont orientés vers leur réorganisation, la perspective d’un bonheur authentique et durable reste bou­chée. Aucun des moyens ordinaires que nous employons ne permettra jamais d’éviter définitivement la souffrance.
 
La voie bouddhiste, ce qu’on appelle le dharma, se situe sur un autre plan : elle envisage la question moins dans le do­maine de ses développements extérieurs que dans celui, inté­rieur, de l’esprit, celui‑là même qui fait l’expérience de la souffrance, là, aussi, où se situe la cause. Elle regarde vers la source.
 
Dans sa nature originelle, notre esprit est pur, libre et heu­reux. Mais nous ne connaissons pas cette nature originelle. Nous lui sommes depuis toujours étrangers en raison du mode de fonctionnement défectueux de notre esprit, notam­ment par le jeu des « émotions conflictuelles », à savoir les dif­férentes nuances de notre relation déséquilibrée au monde et à nous‑mêmes : le désir, l’attachement, la possessivité, l’aver­sion, la haine, la jalousie, l’aveuglement, etc.
 
Ces émotions conflictuelles sont des conditionnements im­primés dans notre esprit depuis des temps sans commence­ment, sur lesquels nous n’avons nous‑mêmes pratiquement pas de contrôle. Elles sont la racine de nos souffrances, de nos frustrations et de nos angoisses ; elles nous conduisent à agir de manière à engendrer notre propre souffrance, par le biais du karma négatif.
 
Nous ne sommes donc pas libres de notre destin, nous sommes impuissants à nous préserver de la souffrance et de l’illusion. C’est pourquoi nous nous en remettons à cette réali­té transcendante que sont les Trois Joyaux : le Bouddha, le dharma (son enseignement) et la sangha (la communauté).
 
Prendre refuge, s’engager sur la voie du dharma, c’est ainsi se placer sous une double protection :
 
– temporaire : par la puissance des Trois Joyaux, nous sommes protégés des souffrances dont nous avons semé la graine dans le passé et que nous rencontrons maintenant au cours de notre vie ;
 
– définitive : nous apprenons à comprendre en quoi les émo­tions conflictuelles nous sont nuisibles, puis à nous en déga­ger et à recouvrer notre pureté originelle, le bonheur authenti­que et indépendant des circonstances qui est notre apanage.
 
En quoi les Trois Joyaux ont‑ils cette capacité de nous pro­téger que nous n’avons pas nous‑mêmes ?
 
Le Bouddha est libéré des émotions conflictuelles et du karma, il possède l’omniscience de l’Eveil. Toute défectuosité s’est effacée en lui, en lui toutes les qualités de la pureté de l’esprit se sont épanouies. Il nous est ainsi infiniment supé­rieur et c’est pourquoi nous le prenons comme refuge.
 
Le Bouddha montre le chemin qui mène à la fin de la souf­france ; on l’appelle donc « le guide ». Sa manière de nous gui­der est de nous enseigner le dharma, par la pratique duquel nous progressons vers la libération. Ce dharma comprend lui­-même une très grande variété d’aspects qui correspondent à la diversité des capacités, des tempéraments et des aspirations des êtres.
 
Enfin, la sangha ‑ ceux qui pratiquent le dharma et le trans­mettent aux autres ‑ nous aide dans notre progression.
 
C’est ainsi que Bouddha, dharma et sangha sont nos trois refuges.
 
C’est par ces Trois Joyaux qu’on s’engage tout d’abord sur le chemin, c’est ensuite par eux qu’on le parcourt, c’est enfin en eux que s’accomplit le but. Lorsqu’en effet on atteint l’éveil, c’est ce que l’on appelle obtenir l’état de bouddha, et cet état de bouddha, qui est la nature ultime de notre esprit, inclut en lui‑même le dharma et la sangha. D’un point de vue relatif, les Trois Joyaux apparaissent comme des réalités séparées bien qu’en vérité ils se résument ultimement dans le seul Bouddha.
 
Pour celui qui souhaite se défaire de la souffrance du cycle des existences, il n’est pas de moyen plus profond et meilleur que la prise de refuge.

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