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« Zen d’aujourd’hui » par Philippe Coupey

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Un très bon choix de lecture estivale à se procurer en librairie ou directement auprès du Dojo Seine Zen !

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Le dernier ouvrage de Philippe Coupey « Zen d’Aujourd’hui – Face aux pièges de l’ego » vient d’être publié aux éditions du Relié.

Voici un recueil d’enseignements oraux qui ont été donnés par le moine Reiryu Philippe Coupey ces dernières années.

Résumé

Dans cet ouvrage, ce sont les paroles prononcées par Reiryu Philippe Coupey lors de séances de zazen tenues ces huit dernières années, qui sont retranscrites. Au travers de thèmes de portée générale (l’amour, la politique, la souffrance), mais également plus spécifiques à la pensée du bouddhisme zen (le zazen, l’action et l’énergie, l’éveil), ce recueil – au delà des contingences historiques, géographiques et matérielles – invite chacun à faire l’expérience de sa nature véritable, ici et maintenant.

L’auteur :

Reiryu Philippe Coupey est né à New York en 1937. Après des études de littérature et une jeunesse partagée entre travail et voyages, il s’installe à Paris en 1968 où il rencontre le maître zen Taisen Deshimaru quatre ans plus tard. Celui-ci lui enseigne la simple assise et l’étude approfondie des grands textes du zen. Devenu l’un de ses proches disciples en travaillant sur ses traductions et ses enseignements, Philippe Coupey a continué la transmission du Zen après le décès de son maître en 1982. Il vit et pratique au coeur de la ville, enseignant au Dojo de Paris et au sein de l’association Seinezen, mais aussi à travers l’Europe. Philippe Coupey fait partie du conseil spirituel de l’Association Zen Internationale. Il est également vice-président du Dojo Zen de Paris et le référent spirituel de l’Association Zen Sans Demeure. Il a reçu la transmission officielle du dharma des mains de Kojun Kishigami, qui l’a lui-même reçue de Kodo Sawaki.

Extrait du livre :

On dit souvent que pratiquer zazen c’est voir du point de vue de l’homme mort … Entrer dans le dojo, c’est comme entrer dans son cercueil. Ceci n’a rien de triste ou de morbide ; c’est simplement mettre de côté tout son bagage personnel – les pensées de bien et de mal, de juste ou de faux. C’est pourquoi dans le Zen on répète, « Laissez passer les pensées ». C’est cela que nous faisons dans un dojo. C’est entrer dans notre cercueil. Mais on pourrait tout aussi bien dire que c’est entrer au « paradis ». On entre dans le dojo, et on revient à ku, la non-substance de toute chose.

J’avais un ami qui ne pratiquait pas zazen. Il trouvait cette précision dans la posture inutile à la contemplation spirituelle, disant qu’il pouvait faire pareil et même peutêtre mieux assis dans une chaise longue. Je lui ai dit, « Installe-toi relax, et tu ne pourras pas te retenir de bouger sans cesse. » Ok, alors on essaie. Il s’assied dans la chaise longue, le coude sur l’accoudoir, le poing soutenant sa mâchoire. Et moi, je me mets en zazen. Un, deux, trois, on y va ! Il voulait vraiment gagner… Mais il a commencé à transpirer… Être relax ne lui semblait plus du tout évident tout à coup, au point qu’il déclara forfait. Moi en revanche, je ne voulais plus arrêter, j’étais en zazen. Il est donc parti chercher une bière et quand il est revenu, j’étais toujours en zazen. « Non mais sans blague, c’est incroyable ! Je voudrais faire pareil, » finit-il par dire. Et il est devenu pratiquant de zazen, et moine aussi, quelques années plus tard.

Zazen est la condition normale, originelle. L’attitude originelle de l’homme, avant toute préfabrication. C’est le geste le plus simple et le plus haut. Cette posture, cet esprit et cette respiration pendant zazen, ont été réellement transmis d’esprit à esprit, de bouddha en bouddha et de patriarche en patriarche. Maître et disciple sont réunis dans la profondeur de la pratique, i shin den shin : de mon esprit à ton esprit.

Lorsqu’on vient pour la première fois dans un dojo, pour participer à une initiation par exemple, on peut trouver qu’il y a beaucoup de règles à suivre. La question n’est pas tant d’obéir et de suivre des règles extérieures à soi, que de se discipliner soimême. C’est ça le commencement de la pratique.

Les règles, bien que généralement transitoires, soutiennent la tradition. On a fait comme ça à travers les siècles et on fera comme ça dans le futur. C’est la tradition, mais la tradition toujours doit être éveillée, ouverte et aussi accueillante : c’est-à-dire que le maître doit être éveillé, attentif et savoir accueillir, tout en étant complètement entêté, absolument déterminé. Sinon la lignée ne serait plus du tout vivante; elle ne serait bonne que pour l’histoire, le musée.

Le zen n’est pas compréhension par l’esprit mais compréhension par le corps. C’est pour cela que les maîtres de la transmission parlent toujours de la posture de zazen, de la posture du corps. Finalement, c’est seulement cela qui a été transmis jusqu’à aujourd’hui. L’activité de zazen, c’est tendre la colonne vertébrale quand elle commence à s’affaisser, de même pour la nuque quand elle commence à pencher en avant, le menton qu’il faut rentrer. Voilà l’activité de zazen, une grande activité, dans le moment présent. Ce n’est pas la pensée, ce n’est pas la philosophie, mais le corps. Pas mon corps mais Le corps, ce corps qui ne naît ni ne meurt. Ce que l’on appelle le Dharmakaya, le corps de Bouddha.
Pratiquer Zazen, c’est devenir intime avec soi-même, s’observer soi-même, en profondeur.

Lorsqu’on parle d’observer ses pensées, certaines personnes pensent qu’il s’agit d’observer le contenu de leurs pensées. Il ne s’agit pas de cela. Ce n’est pas du tout important ça, c’est de la psychanalyse. En zazen, on observe simplement les pensées apparaître et disparaître. D’où viennent-elles, où vont-elles ? Ne pas avoir de pensée, ou, plus exactement, ne pas entretenir une série de pensées, c’est ne pas avoir de références : une pensée se réfère à une autre pensée. La pensée qui n’a pas de références, c’est celle où l’on tend la colonne vertébrale, où l’on a la tête droite sur les épaules, naturellement et inconsciemment. C’est ça être sans référence. C’est aussi ce que l’on appelle la conscience hishiryo. La conscience hishiryo est le secret du Zen, du zazen.

Alors réveillez-vous ! Réveillons-nous ! Avant que notre chair retourne à la terre, avant que notre chaleur retourne au feu, avant que notre souffle retourne à l’air, avant que notre sang redevienne la pluie. C’est une bonne chose que l’on meure, bien sûr ! Nous tous, comme toute chose vivante. Sinon, il n’y aurait pas de feu, il n’y aurait pas d’air, il n’y aurait pas de terre, il n’y aurait pas d’eau, il n’y aurait pas d’univers. S’il n’y avait pas la mort, il n’y aurait pas de source de vie. Il n’y aurait pas de tonnerre furieux capable de briser les esprits endormis.

« Zen d’Aujourd’hui – Face aux pièges de l’ego », de Reiryu Philippe Coupey, juillet 2014 aux éditions du Relié.




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