Pour le Bien de tous les êtres est certainement un des plus puissant Mantras ; et la rétribution de celui qui le prononce sincèrement, incalculable.
Une petite histoire du Zen illustre son contraire, c’est-à-dire le disciple ou le moine qui ne désire que son avantage, oublieux que ce monde est une sphère où l’air et le parfum circulent et ignorent les frontières ; comme sur Internet.
Les conteurs qui sont quelque fois un peu misogynes personnalisent cette histoire par le comportement d’une femme, une nonne qui en dépit de ses vœux refusait de partager les bienfaits de ses offrandes.
Ainsi donc, une nonne souhaitait très fort obtenir pour elle seule les mérites et son illumination. Pour soutenir sa prière elle sculpta un bouddha ; puis patiemment elle le couvrit de feuille d’or : elle lui murmurait : « regarde comme je suis bonne et dévouée pour toi ».
Son bouddha était très beaux et l’objet de toute sa dévotion ; il brillait tellement que le soir, de sa seule présence il éclairait la petite chambre où il avait son autel.
Matin et soir, la nonne lui faisait ses offrandes rituelles et si elle avait à voyager, elle emportait son bouddha dans ses bagages.
Vieillissante, la nonne souhaita rejoindre un monastère où de nombreux bouddhas étaient déjà sujets de dévotion pour les moines et les nonnes. Ils avaient tous à leurs pieds un petit autel où chacun posait ses offrandes. De les voir tous brillants, parés de fleurs et de belles étoffes réjouissait le cœur. Mais ce n’était pas du tout le souhait de cette nonne, elle voulait bien que son merveilleux bouddha rejoigne les autres, mais à la seule condition qu’il n’y ait que lui pour recevoir le bénéfice de ses offrandes.
Elle le pensait dans sa tête : « que les autres se débrouillent, moi je m’occupe du mien » !
Comme elle souhaitait lui offrir de l’encens, elle comprit que les autres bouddhas, les moines et les nonnes auraient aussi de cette fumée en partage. « AH ! Mais ! Ce n’est pas possible » !
Alors la nonne construisit une forme de cheminée qui isolait son bouddha pour que lui seul reçoive la fumée de son encens. Jour après jour, son merveilleux bouddha recouvert de feuilles d’or s’enveloppait de fumée, et il devenait de plus en plus noir ; tellement noir qu’il n’était même plus visible dans sa cheminée.
L’histoire ne le dit pas, mais tous le savaient, il y avait bien longtemps que son bouddha respirait ailleurs, un air moins étouffant.
Flora Desondes
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