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Cannes: le temple de Bouddha monnaye le sommeil des sans-papiers

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23.02.2011

Le centre bouddhiste de La Bocca sert en réalité de logements illicites pour des clandestins. La propriétaire, elle, est en vacances aux Caraïbes…

La cour intérieure du temple bouddhiste de La Bocca fait peine à voir. L’intérieur de la bâtisse ne vaut guère mieux, malgré la résidence locative de plusieurs familles, qui doivent s’acquitter d’un loyer de 350 euros mensuels.
La cour intérieure du temple bouddhiste de La Bocca fait peine à voir. L’intérieur de la bâtisse ne vaut guère mieux, malgré la résidence locative de plusieurs familles, qui doivent s’acquitter d’un loyer de 350 euros mensuels.

Contrairement à l’esprit des lieux, les policiers cannois n’ont pas vraiment trouvé la lumière lorsqu’ils ont fait une descente au temple Maitreya de Cannes-La Bocca. Et pour cause. Dans cette bâtisse sur deux étages d’environ 200 m2, celle-ci semble aléatoire… suspendue à des câbles et fils électriques apparents, qui témoignent de la non-conformité générale du site.

Officiellement ouvert il y a deux ans au 3, rue Barthélémy, ce temple bouddhiste était censé apporter une certaine sérénité spirituelle au travers de méditations et techniques de relaxation. Mais il semble, surtout, devenu une maison dortoir pour rapporter un bonheur purement lucratif à une « marchande de sommeil ».

« Pas d’eau chaude ni de chauffage »

Et la purification de l’esprit des résidents, qui se partagent plusieurs chambres de ce « taudis religieux », paraît passer par leur dénuement matériel, via des loyers mensuels payés sous le manteau (pour ne pas dire la toge).

Des travailleurs clandestins, sans papiers, sans possibilité de se loger autrement, qui doivent, selon eux, s’acquitter de 350 euros mensuels, de main à main. Foin de méditations, l’essentiel consisterait visiblement à ramener du pognon! Et bouddhisme ou pas, les locataires ont intérêt à rester zen, compte tenu des conditions sanitaires de leurs foyers précaires.

« Mon mari, qui travaille sur les chantiers, a refait lui-même toute notre chambre à neuf, mais dans la maison et les parties communes, il n’y a ni chauffage, ni eau chaude », soupire K., une jeune Algérienne qui porte son bébé de six mois dans les bras.

Après le rachat des murs de l’ancienne librairie Grifoni, la propriétaire nous avait avoué en octobre dernier qu’il « y avait encore beaucoup de travaux à réaliser : casser les murs, refaire l’isolation, aménager la terrasse, et cela fait beaucoup d’argent ».

En attendant, c’est une somme dépassant les mille euros qui lui est versée chaque mois, par de pauvres gens qui se contentent de vivre-là, sous peine d’être expulsés. Dans la petite cour intérieure, les débris sont toujours amoncelés, comme un symbole de ce bric-à-brac immobilier et religieux.

La salle de méditation n’est plus que poussières

La propriétaire? « Elle n’est plus là depuis plusieurs mois, elle est partie en vacances, et nous a fait payer plusieurs loyers d’avance », précise un autre habitant.

Les policiers de la BMR (Brigade Mobile de Recherche) attendent donc son éventuel retour pour l’entendre.

Aux dernières nouvelles, celle-ci aurait échappé à cette grisaille hivernale pour lever les yeux vers d’autres cieux, sous le soleil de Saint-Martin dans les Caraïbes. Bronzette ou méditation? Les enquêteurs l’ont convoquée et attendent son retour prévu au mois d’avril. De quoi lui donner à méditer sur ses agissements peu scrupuleux. A La Bocca, la pièce réservée à cette pratique, close et désertée, sent davantage le renfermé, le sale et poussiéreux, que l’air frais de la purification spirituelle.

La dame est, en effet, sous le coup de plusieurs infractions : non-respect de la dignité humaine, hébergement de personnes en situation irrégulières, sans parler d’une éventuelle escroquerie… Avisé, le parquet de Grasse se prononcera à l’issue de son audition.

Là où il est, Bouddha n’imagine sans doute pas qu’il peut nourrir de tels avatars…


Alexandre Carini

Source : www.nicematin.com

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