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Le Kito de l’homme qui voulait vivre 1 000 ans

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RknMarron_emL15x18.jpgL’histoire est attribuée à Ryōkan : un moine Zen qui parlait aux oiseaux, aux herbes sauvages. Sa légende raconte qu’il entendait le langage du vent et celui des dieux. C’est pourquoi, de tout le Japon, ils venaient jusqu’à son ermitage pour solliciter un Kito.

On se souvient encore de celui du vieil homme de 80 ans qui marcha plus d’un mois pour lui demander le Kito qui prolongerait sa vie.

‒ Et jusqu’à quel âge souhaites-tu que les dieux prolongent tes jours ?

‒ J’aimerais bien devenir centenaire.

‒ AH ! Seulement de 100 ans ? Seulement vingt années de plus alors que tu as voyagé si longtemps pour arriver ici ?

‒ Ta sollicitude me touche, maintenant si je vivais jusqu’à 150 ans, je pourrais me répandre en bienfaits pour les plus défavorisés ; faire le bien autour de moi.

‒ Mes Kito sont toujours justes, je te prépare donc un Kito pour 150 ans. Réfléchis bien, 150 années ce n’est que 70 années de vie encore : même pas le double de ce que tu as déjà vécu. Tu es le bel exemple d’une modestie toute à ton honneur.

‒ Attends un peu, pas de précipitation, que je réfléchisse bien…..La vie court si vite, à peine vécue et déjà dans la tombe….Disons que 300 ans me conviendraient mieux. Que dis-tu de 300 ans pour mon Kito ?

‒ Oui, c’est bien…..
Et pourtant, des tortues, des simples tortues vivent 1000 ans….
Alors 300 ans c’est peu, qu’en penses-tu ?

‒ 1 000 ans ? Pour toutes ces bonnes actions que je vais accomplir pour le plus grand bien de tous, cela me semble un bel âge ! D’accord, je me rends à ta proposition : fais-moi un Kito pour que je vive 1 000 ans.

‒ J’entends bien ton souhait, je pense que tu mérite plus……
Le mieux pour toi, ce serait que mon Kito te permette de ne pas mourir. Je vais te préparer un Kito pour que tu sois immortel…..
Mais c’est un peu cher à payer, très difficile aussi et cela ne réussit pas toujours….
Tu pourrais y perdre ta mise !

‒ Vraiment, tu pourrais faire pour moi un Kito d’immortalité ? Oh ! C’est inespéré, je ne pensais même pas que cela existe. Être immortel, et ne jamais connaître la mort….J’accepte à n’importe quelle condition…Dis-moi combien, je paye le prix que tu exiges.

‒ Mais tu vas devoir rester avec moi ici le temps que je prépare ton Kito. Observes simplement ma manière de vivre et fais de même. Je n’ai qu’une seule exigence : ton silence et ton obéissance. À la moindre dérogation, tu rentres chez toi sans rien obtenir.

C’est ainsi que l’homme habita avec Ryōkan tout une année. En silence il méditait, tout comme lui ; leurs repas étaient frugaux et la couche à même la Terre, des plus simples. Une année passa avant que le printemps revienne lorsque ce matin là, Ryōkan lui dit :

‒ C’est maintenant que je vais accomplir ce Kito qui fera de toi un immortel.

‒ Ah ! C’est moi qui te l’avais demandé ? Mais je ne sais plus pourquoi je souhaitais l’obtenir.

Sans rien dire de plus, l’homme joignant se deux mains s’inclina et toujours en silence il s’en retourna chez lui, heureux de vivre tout simplement.

Biographie de Ryōkan Taigu – 大愚 良寛

Ryōkan Taigu (大愚 良寛, 1758-1831) était un moine ermite, poète et calligraphe japonais de la fin de la période Edo. Né Eizō Yamamoto, il est connu par son prénom Ryōkan (良寛« Grand-Cœur ») et célèbre par sa douceur et sa simplicité légendaire.

Son père, le chef du village est prêtre shinto. Enfant, il étudie les classiques japonais et chinois. Vers l’âge de 20 ans, Ryōkan se rend dans un temple zen Sōtō du voisinage où il devient novice. Il rencontre là un maître qui passe, Kokusen, et il repart avec lui pour le sud du pays. Pendant douze ans, il se forme à la pratique du zen et en 1790, Kokusen le nomme à la tête de ses disciples et lui confère le nom de Ryōkan Taigu (大愚 良寛, Taigu Ryōkan, « esprit simple au grand cœur »).

À la mort du maître un an plus tard, Ryōkan abandonne ses fonctions pour une longue période d’errance solitaire à travers le Japon. Il a déjà 40 ans lorsqu’il s’installe dans un Gogōan (une petite cabane au toit de chaume) sur les pentes du mont Kugami.

Mendiant chaque jour sa nourriture selon la stricte règle monacale et pratiquant zazen, Ryōkan vit simplement et ne forme pas de disciple. Néanmoins, sa grande renommée de saint fait qu’on accoure vers lui pour solliciter un Kito, que dans sa grande bonté il ne refusera pas.

Après 20 années passées ainsi, la rudesse de sa vie d’ermite le contraint d’abandonner son ermitage pour se fixer dans un temple. Étonnamment, il tombe amoureux d’une jeune nonne de 28 ans, il en a 70 ; deux ans plus tard c’est dans ses bras qu’il meurt.
Que laisserai-je derrière moi ?

Ses poèmes et ses calligraphies sont déjà publiés en 1835 par sa compagne
Hachisu no tsuyu (蓮の露? trad. La Rosée d’un lotus) — Compilation posthume par sa compagne Teishin.

Et jusqu’à maintenant, voir la liste de ses textes traduits en Français :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Ry%C5%8Dkan

Kito : Cérémonie destinée à aider quelqu’un en difficulté en lui dédiant un zazen
http://jacques.prestreau.pagesperso-orange.fr/dicozen/k.htm

Un Kito est une prière prononcée dans le cours d’une cérémonie traditionnelle du Zen pour aider des gens qui demandent l’obtention d’une faveur.
http://www.bouddhisme-france.org/archives/voix_bouddhistes/detail_des_emissions/010218.htm

La cérémonie du kitô dans le zen est dédiée aux patients atteints de maladies graves pour les conduire vers la guérison et la paix de l’esprit.
https://www.buddhachannel.tv/portail/spip.php?article983

On fait un kito parce qu’il y a un prétexte…on peut croire que le kito va avoir un effet magique Mais on peut voir les choses plus simplement : le kito permet de rassembler dans le coeur de tous les pratiquants présents une très grande énergie, qui de toute façon, un jour ou l’autre, atteindra tout le monde. Là aussi, garder la façon de voir plus simplement : dans le simple kito, l’énergie dégagée dans le kito contient tout ce que vous voulez

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http://www.zen-deshimaru.ch/kusens/keisen/FR/kusen_2009-Les_12_idees_contaignantes_-_par_Ma%C3%AEtre_Keisen.pdf

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