09.08.2010
Le maître a donné cet enseignement sur le dhamma à Jetavana, à propos de la mère du thera Prince Kassapa. Elle était la fille d’un riche marchand de Rajagaha. Son inclination pour la bonté était profondément enracinée en elle. Elle dédaignait les phénomènes conditionnés. C’était sa dernière existence. Son aptitude à la bouddhéité brillait dans son coeur comme une lampe dans une cruche. A partir du jour où elle eut conscience d’elle-même, elle ne trouva plus aucun plaisir dans la vie mondaine et aspira à renoncer au monde. Elle dit à ses parents : « Ammatata, mon coeur n’éprouve aucun plaisir à rester à la maison. Je souhaite prendre les voeux pour suivre l’enseignement libérateur du Bouddha. Laissez-moi renoncer au monde ! » Ils répondirent : « Amma, que dis-tu là ? Notre famille est très riche et tu es notre seule fille. Tu ne peux pas devenir bikkhuni. »
Elle redemanda plusieurs fois, mais n’obtenant pas l’autorisation de ses parents pour rejoindre le sangha, elle pensa : « Bien. Je vais me marier afin de changer de famille, obtenir le consentement de mon époux et devenir bikkhuni. » L’âge venu, elle devint une femme dévouée à son mari. Elle vécut dans sa maison, parée de diverses beautés et pratiquant la vertu. Du fait de leur vie commune, un embryon se forma dans son ventre. Elle ne se rendit pas compte qu’elle avait conçu. On annonça une fête dans la ville et tous les habitants prirent des vacances. La ville était aussi décorée et ornée que si c’était la ville des dieux. Mais elle, elle ne parfuma ni n’orna son corps, même au plus fort de la fête. Elle vaquait à ses occupations comme à l’ordinaire. Son mari lui dit : « Bhadde, toute la ville s’adonne à la fête. Toi tu n’as mis aucune parure pour embellir ton corps. » Elle répondit : « Ayyaputta, mon corps est composé des 32 constituants, pourquoi l’ornerai-je ? Ce corps n’est fait ni de matière divine, ni de matière venue du monde de Brahma, ni d’or, ni de pierres précieuses, ni de bois de santal. Il n’est pas né de la matrice de lotus blancs, jaunes ou bleus. Les constituants du corps se sont agrégés à travers mes parents. Il est instable, caractérisé par la destruction, la dégradation, le déclin, l’anéantissement. Il est voué à agrandir les cimetières. Il est soumis au désir. Il est à la source de l’affliction, objet de lamentations, lieu de toutes sortes de maladies, récipient contenant ce qui produit le kamma. Intérieurement pourri, il excrète vers l’extérieur tout ce qu’on lui donne. Le monde entier peut s’en rendre compte, la mort est sa fin. Une fois au charnier il devient la demeure des vers. Ayyaputta, pourquoi devrai-je orner ce corps ? Lui mettre des parures ne reviendrait-il pas à peindre de couleurs bariolées un pot rempli d’excréments ? » En entendant ces paroles, le fils du riche marchand dit : « Bhadde, puisque tu perçois les défauts du corps de cette manière, pourquoi ne renonces-tu pas au monde ? » Elle répondit : « Ayyaputta, si j’en avais l’autorisation, je deviendrai bikkhuni aujourd’hui même ! » Le fils du riche marchand répliqua : « Bien, je vais faire admettre comme bikkhuni. » Il donna une aumône généreuse, fit ses hommages au Sangha puis, entouré d’une suite importante, il l’accompagna dans la demeure des bikkhunis pour la faire admettre comme bikkhuni. Cette demeure était sous la direction de Devadatta.
Quand elle fut devenu bikkhuni, elle fut très heureuse que son souhait ait été réalisé. Cependant, l’embryon continuait à se développer dans son ventre. Les bikkhunis remarquèrent que ses organes se modifiaient, que ses mains et ses pieds grossissaient, que son dos s’allongeait et que la circonférence de son ventre augmentait. Elles lui demandèrent : « Ayye, il semblerait que tu sois enceinte. Qu’est-ce que cela veux dire ? » Elle répondit : « Ayye, je ne sais pas. J’ai toujours eu une vie vertueuse. » Mais les bikkhunis se rendirent auprès de Devadatta et dirent à Devadatta : « Ayya, cette fille de bonne famille est devenue bikkuni avec le consentement de son mari. Aujourd’hui on remarque qu’elle attend un enfant. On ne sait pas si elle l’a conçu alors qu’elle était encore laïque, ou après être devenue bikkhuni. Que devons-nous faire ? » Devadatta, qui ne connaissait pas l’état d’arahant et qui ne faisait preuve d’aucune patience, d’aucune humanité et d’aucune compassion, réfléchit ainsi : « les gens vont dire : » Une bikkhuni du clan de Devadatta porte un enfant dans son ventre et Devadatta laisse faire. » On va me le repprocher. Je dois exclure cette femme du Sangha ! » Sans réfléchir, de la même façon qu’il lancerait un caillou, il s’exclama : « Allez-vous-en ! Et expulsez cette femme du Sangha ! » Quand elles eurent entendu ces paroles, les bikkhunis se relevèrent, le saluèrent et retournèrent dans leur bâtiment.
La jeune femme dit alors aux bikkhunis : « Ayye, le thera Devadatta n’est pas le Bouddha. Je ne suis pas devenue bikkhuni à cause de lui, mais à cause du Bouddha Parfaitement Illuminé, le plus important au monde. N’interrompez pas ma vie au sein du Sangha, je l’ai si durement gagnée. Menez-moi plutôt à Jetavana, auprès du Maître. » Elles quittèrent Rajagaha avec elle et parcoururent 45 yojanas. Elles atteignirent finalement Jetavana. Elles saluèrent le Maître et lui expliquèrent l’affaire. Le Maître pensa : « Si cet enfant a été conçu alors que cette femme était encore laïque, les bikkhus qui ont adopté une voie déviante vont saisir l’occasion pour dire : » l’ascète Gotama a accueilli une bikkhuni que Devadatta avait expulsée. » Pour couper court à ces propos, l’affaire doit être tranchée au sein d’une assemblée à laquelle assistera le roi. » Le jour suivant, il invita Pasenadi, le roi du Kosala, Anathapindika l’ancien, Anathapindika le jeune, l’importante disciple laïque Visakha ainsi que d’autres personnes réputées issues de familles influentes. La soirée venue, quand les quatre catégories de disciples furent réunies, il dit au thera Upali : « Va ! Mets au clair l’affaire de cette jeune bikkhuni devant l’assemblée des quatre catégories de disciples. » « Sadhu, Bhante. » répondit le thera. Il se plaça au milieu de l’assemblée et s’assit sur le siège qui lui était destiné, aux pieds du roi. Il invita ensuite Visakha à s’approcher et lui confia l’affaire avec ces mots : « Va, Visakha ! Cherche la vérité, détermine en quel mois et quel jour elle est devenue bikkhuni. Une fois ceci établi, calcule si l’enfant a été conçu avant ou après cette date. » La disciple laïque donna son accord en disant : « Sadhu. ». Elle fit installer une tente à l’intérieur de laquelle elle observa l’augmentation de la taille des mains, des pieds, du dos et du ventre de la jeune bikkhuni. Elle compara le mois et le jour. Elle sut alors la vérité. La conception avait eu lieu alors qu’elle était encore laïque. Elle revint vers le thera et lui rapporta les faits. Le thera expliqua à l’assemblée des quatre catégories de disciples que la bikkhuni était innocente. Maintenant qu’elle était innocentée, cette dernière salua le Sangha et le Maître et retourna au vihara avec les bikkhunis. Quand le fruit de son ventre arriva à maturité, elle mit au monde un fils puissant, réalisation des prières qu’elle avait formulées aux pieds de Padamuttara.
Un jour, le roi était à proximité du vihara des bikkhunis quand il entendit les pleurs d’ un enfant. Il interrogea son entourage à ce sujet. Comme les personnes de son entourage connaissaient la raison de ces pleurs, elles lui dirent : « Deva, la jeune bikkhuni a mis son enfant au monde. C’est de lui que viennent ces pleurs. » Le roi dit : « Veiller sur en enfant est un poids pour des bikkhunis, bhane, nous allons veiller sur lui. » Il fit remettre l’enfant à ses danseuses. Il fut éduqué avec soin, comme s’il était de naissance princière. Le jour de Gahanadivase, il reçut le nom « Kassapa ». Comme il était éduqué avec les mêmes honneurs qu’un prince, on l’appelait « Prince Kassapa ». A l’âge de sept ans, il devint novice auprès du Maître. Quand il eut atteint l’âge adéquate, il prit la totalité des voeux de bikkhu. Avec le temps, il devint l’orateur le plus limpide parmis tous ceux qui exposaient le Dhamma. Le Maître dit : « Bikkhus, le meilleur de mes disciples, celui qui expose le Dhamma avec clarté, est ce Prince Kassapa. » Et il le fit asseoir sur son siège. Plus tard, il connut l’état d’arahant. Cela est rapporté dans le Vammikasutta. Sa mère, la bikkhuni, développa vipassana et connut elle aussi le fruit le plus haut. Le thera Prince Kassapa scintilla dans l’enseignement du Bouddha comme la pleine lune au milieu du ciel.
Un jour, le Tathagata, au retour d’une tournée d’aumônes, donna ses instructions aux bikkhus après le repas. Il se rendit ensuite dans sa chambre parfumée. Les bikkhus prirent acte du rappel à l’ordre. Ils passèrent une partie de la journée dans les lieux où ils séjournaient la nuit et le jour. Le soir venu, ils se rassemblèrent dans la salle du Dhamma et s’assirent par terre. Ils célébrèrent les qualités du Bouddha par ces mots : « Avuso, Devadatta, qui ne connaît pas l’état d’arahant, et qui ne fait preuve d’aucune patience, d’aucune humanité et d’aucune compassion, a faillit causer la perte du thera Prince Kassapa et de la vénérable theri. Le Bouddha parfaitement illuminé, le Seigneur du Dhamma, par sa patience, son humanité et sa compassion est devenu la source de leur libération. » Le Maître entra dans la salle du Dhamma avec la grâce d’un bouddha. Il s’assit sur un siège qu’on lui avait préparé au sol et demanda : « Bikkhus, pourquoi vous êtes-vous installés ici ? » Ils répondirent : « Bhante, pour louer vos qualités. » Ils lui racontèrent tout. Le Bouddha dit : « Bikkhus, ce n’est pas la première fois que le Tathagata devient la source et le refuge de ces deux-là. Il l’a déjà été par le passé. » Les bikkhus prièrent le Bhagava de leur donner une explication. Le Bhagava porta à leur connaissance les choses cachées par d’autres existences.
Jadis régnait Brahmadatta, à Bénarès. Le Bodhisatta prit naissance sous forme de cerf. En sortant du ventre de sa mère, il était couleur d’or, ses yeux étaient semblables à deux billes de pierre précieuse, ses cornes étaient argentées, sa bouche était de la même couleur qu’un tas de vêtements rouges, le bout de ses sabots était comme laqué, sa queue ressemblait à celle d’un yak, son corps était aussi grand que celui d’un hère. Il vécut dans la forêt, au milieu d’une harde de cinq cents cerfs et biches. Il s’appelait Roi Cerf Nigrodha. Non loin de là vivait un autre roi cerf, qui vivait lui aussi au milieu d’une harde de cinq cents cerfs et biches. Il s’appelait Sakha. Il était aussi de couleur dorée.
En ce temps-là, le roi de Bénarès était féru de chasse aux cerfs. S’il n’avait pas de viande, il ne mangeait pas. Bien que cela les empêcha de vaquer à leur occupations, il réunissait quotidiennement les villageois et les paysans pour aller chasser. Les gens pensaient : « Ce roi nous empêche de vaquer à nos occupations. Et si nous aménagions un espace de nourriture dans les jardins d’agrément ? Nous y acheminerions de l’eau, puis nous attirerions de nombreux cerfs dans les jardins d’agrément. Nous fermerions ensuite la porte afin de livrer les cerfs au roi. » Ils semèrent de l’herbe à différents endroits des jardins d’agrément. Ils acheminèrent de l’eau et installèrent une porte. Ils se rendirent dans la forêt en compagnie des villageois avec des marteaux et d’autres armes dans les mains. Ils se mirent à la recherche de cerfs. Ils se dirent qu’ils allaient attrapper les cerfs en les regroupant au milieu d’un cercle fermé d’une largeur d’un yojana. Ils encerclèrent les lieux de résidence du cerf Nigrodha et du cerf Sakha, et regroupèrent les cerfs en leurs milieux. Quand ils aperçurent les hardes de cerfs, ils tapèrent sur les arbres, les buissons et le sol avec leurs marteaux. Ils poussèrent les hardes de cerfs hors de leurs lieux de résidence. Ils firent du bruit avec leurs épées, leurs javelots, leurs arcs et d’autres armes. Ils poussèrent des grands cris et dirigèrent ainsi les hardes de cerfs dans les jardins d’agrément. Ils fermèrent les portes. Ils se rendirent auprès du roi et dirent : « Deva, en allant régulièrement à la chasse, vous interrompez notre travail. Nous avons pris des cerfs dans la forêt et nous en avons remplis vos jardins d’agrément. A partir d’aujourd’hui, mangez de cette viande-là ! » Ils prirent congés du roi et s’éloignèrent. Ayant entendu leurs paroles, le roi se rendit dans ses jardins d’agrément. Il y vit les deux cerfs couleur d’or à qui il garantit l’immunité. Il venait parfois en personne, abattait un cerf et l’emportait. Parfois c’était son cuisinier qui abattait un cerf et l’emportait. Quand les cerfs apercevaient les arcs, ils s’enfuyaient, saisis par la peur de la mort. Ceux qui se faisaient blesser deux ou trois fois se fatiguaient, s’affaiblissaient puis mouraient. La harde des cerfs rapporta ce fait au Bodhisatta. Il fit venir Sakha près de lui et dit : « Samma, de nombreux cerfs sont tués. Puisque nous devons mourir de toutes façons, à partir d’aujourd’hui, ne laissons plus les cerfs se faire blesser par des flèches. Nous devrions organiser un roulement régulier à l’endroit où se trouve le billot. Un jour c’est un cerf appartenant à ma harde qui s’y rendra, le jour suivant, c’est un cerf appartenant à ta harde qui s’y rendra. Le cerf sur qui le sort tombera devra aller poser sa tête sur le billot et s’allonger. De cette manière, les autres cerfs ne seront pas blessés. » L’autre donna son accord : « Sadhu. » A partir de ce jour-là, le cerf sur qui tombait le sort allait à l’endroit où se trouvait le billot, penchait sa nuque et s’allongeait. Le cuisinier venait et emportait celui qui se trouvait allongé là.
Un jour le sort tomba sur une femelle de la bande de Sakha qui était gestante. Elle se rendit auprès de Sakha et lui dit : « Sami, je suis gestante. Quand j’aurai mis mon fils au monde, nous serons deux à pouvoir prendre notre tour. Laisse-moi passer mon tour ! » Il répondit : « Il n’est pas possible de laisser passer ton tour. Tu devrai savoir que ton sort est fixé. Maintenant, va-t’en ! » Comme elle n’avait trouvé aucun soutien auprès de cerf-là, elle alla voir le Bodhisatta et lui exposa l’affaire. Quand il eut entendu ses paroles, il dit : « Très bien. Va-t’en, je prendrai ton tour. » Il partit seul, posa sa tête sur le billot et s’allongea. Lorsque le cuisinier le vit, il pensa : « Le roi cerf, qui bénéficie de l’immunité, est allongé sur le billot. Qu’est-ce que cela veut dire ? » Il se précipita chez le roi et le lui rapporta. Le roi monta aussitôt dans son palaquin et se rendit sur les lieux entouré d’une suite importante. Lorsqu’il vit le Bodhisatta, il dit : « Samma roi cerf, ne t’ai-je pas accordé l’immunité ? Pourquoi es-tu allongé ici ? » Le Bodhisatta répondit : « Maharaja, une biche gestante est venue me voir et m’a dit : » Permet-moi de laisser passer mon tour. » Je ne pouvais pas transmettre la souffrance de la mort à un autre cerf, c’est pourquoi j’ai donné personnellement ma vie pour elle. J’ai pris sa mort sur moi et je me suis allongé ici. Ne soupçonnez rien d’autre, Maharaja. » Le roi répliqua : « Sami roi cerf couleur d’or, je n’avais encore jamais vu autant de patience, d’humanité et de compassion chez les hommes. De ce fait, tu me satisfais grandement. Lève-toi ! Je vous accorde l’immunité, à toi et à elle. » Sur quoi le Bodhisatta répondit : « Deux immunités ont été accordées, mais que deviennent les autres, Narinda ? » « J’accorde aussi l’immunité aux autres, Sami. » « Maharaja, seuls les cerfs des jardins d’agrément bénéficient de l’immunité, mais que deviennent les autres ? » « Je leur accorde aussi l’immunité, Sami. » « Maharaja, les cerfs bénéficient de l’immunité, mais que deviennent les autres quadrupèdes ? » « Je leur accorde aussi l’immunité, Sami. » « Maharaja, les quadrupèdes bénéficient de l’immunité, mais que deviennent les différents groupes d’oiseaux ? » « Je leur accorde aussi l’immunité, Sami. » « Maharaja, les différents groupes d’oiseaux bénéficient de l’immunité, mais que deviennent les poissons qui vivent dans l’eau ? » « Je leur accorde aussi l’immunité, Sami. » Le roi ayant accordé l’immunité à toutes les créatures à la demande du Mahasatta, ce dernier se leva. Il initia le roi aux Cinq Préceptes et lui dit : « Marche dans le dhamma, Maharaja. Si tu marches dans le dhamma parmis les pères et les mères, les fils et les filles, les brahmanes et les maîtres de maison, les citadins et les campagnards, si tu marches dans l’humanité jusqu’à la dissolution de ton corps, tu connaîtras le bonheur de la terre pure. » Après avoir exposé le dhamma au roi avec toute la grâce d’un bouddha, il demeura encore quelques jours dans les jardins d’agrément. Il donna ses instructions au roi puis retourna dans la forêt avec sa harde.
La biche gestante mis au monde un mâle qui ressemblait à un bouton de lotus. Il allait jouer avec le cerf Sakha. Lorsque sa mère le vit se diriger vers lui, elle le rappela à l’ordre : « Putta, à partir de maintenant tu n’iras plus dans la harde de Sakha, tu n’iras que dans la harde de Nigrodha. » Puis elle dit le gatha suivant :
Tu n’iras pas dans celle de Sakha
Aller vers Nigrodha c’est mourir
On vit plus longtemps auprès de Sakha
Maintenant qu’ils bénéficiaient de l’immunité, les cerfs se mirent à manger les céréales des hommes. Les hommes pensèrent : « Ces cerfs ont acquis l’immunité. » Ils ne pouvaient ni leur tirer dessus, ni les faire fuir. Ils se rassemblèrent dans la cour du roi et rapportèrent ce fait au roi. Le roi dit : « J’ai été satisfait par la conduite du roi des cerfs Nigrodha, et de ce fait je lui ai accordé un souhait. J’abandonnerai mon royaume plutôt que d’abandonner cet accord. Retirez-vous. Personne ne doit abattre un animal dans mon royaume. » Quand le roi cerf Nigrodha eut connaissance de ces faits, il rassembla la harde des cerfs et leur donna cette interdiction : « À partir de maintenant, vous ne mangerez les céréales des autres. » Il organisa une rencontre avec les hommes et dit : « À partir de maintenant, ceux qui cherchent à protéger leurs céréales n’installeront plus de clôtures. Ils devront indiquer l’emplacement de leurs champs en utilisant des feuilles comme repères. » A partir de ce moment-là, les champs furent délimités par des feuilles. A partir de ce moment-là, aucun cerf ne franchit ces délimitations feuillues. Voilà l’exhortation qu’ils reçurent du Bodhisatta. Le Bodhisatta ayant ainsi exhorté la harde des cerfs et après avoir vécu le reste de sa vie, il accéda au lieu de ses mérites avec les autres cerfs. Le roi, qui après l’exhortation du Bodhisatta accomplit une oeuvre persévérante et bonne, accéda lui aussi au lieu de ses mérites.
Le maître acheva son enseignement sur ces mots : « Ce n’est pas la première fois que je suis source de libération pour la Vénérable et Prince Kassapa. Je leur ai déjà été source de libération par le passé. » Après avoir expliqué en détail les Quatre Vérités et porté les deux événements à leur connaissance, le maître clarifia ce qui les liait et y associa les naissances comme suit : « A l’époque, Devadatta était le cerf Sakha; son entourage était l’entourage de Devadatta; la biche gestante était la Vénérable; son petit, Prince Kassapa; le roi était Ananda; et j’étais le cerf Nigrodha. »
Source: Jatakamala