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La civilisation, c’est mauvais pour la santé

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Une fois qu’il ne fut plus condamné à chasser de l’aube au crépuscule pour survivre, l’homme prit le temps de bâtir des cités, d’inventer les arts et de s’interroger sur l’existence de Dieu. On pourrait penser, dès lors, que l’agriculture et l’urbanisme furent source de progrès.

Faux, nous dit un groupe d’archéologues. “Nous avons constaté un déclin général de la santé de l’homme sur tout le ­continent européen et autour du bassin méditerranéen au cours des trois mille dernières années,” explique Clark Spencer Larsen, spécialiste en bioarchéologie de l’université de l’Etat de l’Ohio, à Columbus, et membre du Projet d’histoire mondiale de la santé en Europe.

La bioarchéologie retrace l’histoire des maladies et des épidémies d’après les informations collectées sur d’anciens sites funéraires. Le projet de Larsen est le plus important du genre.

La première analyse a été faite à partir des échantillons prélevés sur 11 000 individus ayant vécu au cours des trois derniers millénaires. Les spécialistes ont utilisé des indicateurs de santé harmonisés pour étudier les restes de squelettes et déterminer la taille de l’individu, l’état de sa dentition, les maladies articulaires dégénératives, les anémies, les traumatismes et son alimentation.

Les scientifiques ont également réuni des informations sur l’effectif des diverses communautés, la ­lati­tude à laquelle elles vivaient, leur organisation socio-économique et leurs moyens de subsistance afin de pouvoir comparer riches et pauvres, urbains et ruraux, agriculteurs et chasseurs-cueilleurs.

C’est ainsi qu’ils ont découvert que la santé de nombreux Européens avait commencé à se dégrader de manière sensible il y a environ trois mille ans, au moment où l’agriculture se diffusait sur tout le continent et alors que les civilisations grecque et romaine étaient en pleine expansion.

Leurs travaux mettent en évidence une diminution de la taille des individus et une augmentation du nombre de lésions osseuses caractéristiques de la lèpre et de la tuberculose. Celles-ci seraient dues à la proximité du bétail et à la vie en communauté dans de mauvaises conditions d’hygiène.

Le nombre de carries dentaires a également augmenté avec l’adoption d’un nouveau régime alimentaire favorisant les céréales, et donc les sucres, au détriment des autres nutriments.

Le Moyen Age ne fut pas plus clément pour nos ancêtres européens, qui présentent encore plus de problèmes de dentition et ont souffert de rachitisme, de scorbut et d’infections osseuses.

A cette époque, les hommes ont également vu leur taille diminuer. Ils sont passés d’une moyenne de 1,73 m quatre siècles avant J.-C. à 1,66 m au XVIIe siècle, preuve incontestable que les enfants n’appartenant pas aux élites étaient moins bien nourris ou souffraient de davantage de maladies.

Les leçons que l’on tire de l’histoire de notre santé

Pourquoi les humains se sont-ils installés en ville si cela les rendait ma­lades ? Sans doute parce qu’ils s’y sentaient plus en sûreté, dans la mesure où une élite émergente pouvait y punir les comportements violents et contrôler la distribution de la nourriture.

Mais, pendant des siècles, les inégalités sociales et politiques dans les villes ont été pratiquement synonyme de mort précoce pour les catégories n’appartenant pas aux élites. Au Moyen Age, les habitants des campagnes étaient généralement plus grands que ceux des villes.

Après ce long déclin, l’état de santé des Européens commença à s’améliorer, à partir du milieu du XIXe siècle. La taille moyenne augmenta de nouveau grâce à la combinaison de plusieurs facteurs : la fin du petit âge glaciaire, l’augmentation de la production alimentaire, l’amélioration de l’hygiène ou encore les progrès de la médecine.

Les spécialistes observent toutefois une légère diminution de la taille et une dégradation de l’état de santé des Américains depuis les années 1950. Ce phénomène est probablement lié aux mauvaises habitudes alimentaires des personnes atteintes d’obésité, qui, comme les tout premiers agriculteurs, ont tendance à manger moins bien que nos ancêtres chasseurs-cueilleurs.

En étudiant l’histoire des maladies et de la malnutrition, les chercheurs espèrent tirer des leçons utiles pour l’avenir. “Notre objectif est de comprendre le contexte sanitaire actuel”, explique Larsen.

Source : http://www.courrierinternational.com

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