07.11.2008
THIMPHOU (AFP) – Le nouveau roi du Bhoutan s’est engagé vendredi dans un discours nationaliste au lendemain de son couronnement à protéger les traditions et la souveraineté de son petit royaume bouddhiste coincé entre l’Inde et la Chine et de plus en plus ouvert à la mondialisation.
Le nouveau roi du Bhoutan s’est engagé vendredi dans un discours nationaliste au lendemain de son couronnement à protéger les traditions et la souveraineté de son petit royaume bouddhiste coincé entre l’Inde et la Chine et de plus en plus ouvert à la mondialisation.| » align= »center » />
« Ma plus grande inquiétude est qu’au moment où le monde change nous perdions ces valeurs fondamentales sur lesquelles se fonde notre identité en tant que nation et peuple », a déclaré Jigme Khesar Namgyel Wangchuck devant 30.000 personnes réunies dans le stade de la capitale, Thimphou.
Agé de 28 ans et diplômé d’Oxford, le plus jeune souverain du monde, couronné lors d’une fastueuse cérémonie jeudi, a la lourde tâche de poursuivre la démocratisation et le développement de cette nouvelle monarchie parlementaire, tout en préservant sa forte identité nationale.
Son couronnement consacre un processus de modernisation et d’ouverture à la mondialisation voulu par son père, Jigme Singye Wangchuck, qui avait abdiqué fin 2006 après avoir inventé dans les années 1970 l’indicateur économique du « Bonheur national brut » préféré au « Produit national brut ».
Cette philosophie se fonde sur la quête d’une croissance « responsable » et respectueuse de l’environnement afin que le pays se développe « économiquement et spirituellement ».
« Dans ce monde qui change si vite, si nous n’avons ni paix, ni sécurité, ni bonheur, nous n’avons rien! C’est l’essence du +Bonheur national brut+. Nous devons assurer la paix et le bonheur de notre peuple autant que la sécurité et la souveraineté de notre nation », a proclamé le roi.
Son discours, devant des centaines de dignitaires étrangers, a été précédé de processions de danseurs et chanteurs en costumes traditionnels aux mille couleurs au rythme des cymbales, tambours et trompettes joués par des bonzes dans le stade de Thimphou niché au coeur d’une superbe vallée boisée de l’Himalaya.
Dans une ambiance médiévale et bouddhique, le souverain de cette monarchie constitutionnelle, où le bouddhisme est religion d’Etat, a vu défiler des éléphants, vaches, chevaux ou moutons. Le roi était entouré de centaines de courtisans tirés à quatre épingles et d’officiers qui lui ont offert de longues parades militaires.
Surnommé le « prince charmant » pour son physique de star, décrit comme « charismatique, visionnaire et proche du peuple », Jigme Khesar Namgyel Wangchuck est ensuite monté dans les gradins pour saluer et bénir ses sujets, embrasser des bébés et plaisanter avec la presse.
« Au cours de mon règne, je ne vous dirigerai jamais comme un roi. Je vous protègerai comme un parent, prendrai soin de vous comme un frère et vous servirai comme un fils », a-t-il lancé.
Le cinquième « Roi Dragon » de la « Terre du Dragon-Tonnerre » hérite d’un des pays les plus mystérieux de la planète, enclavé entre la Chine et l’Inde, dernière née des démocraties du monde après ses premières élections législatives au printemps.
Longtemps isolationniste et jamais colonisé, le Bhoutan, grand comme la Suisse et peuplé de 670.000 âmes, est resté des siècles inconnu des Occidentaux, à l’exception de jésuites et d’émissaires britanniques du XVIIe au XIXe siècles.
Avant l’arrivée de la dynastie Wangchuck en 1907, le territoire était morcelé entre une myriade de potentats. Il n’avait ni routes, ni téléphone, ni monnaie jusque dans les années 1960. Le Bhoutan s’est réellement ouvert au monde il y a 40 ans, a autorisé la télévision en 1999, mais sélectionne encore ses touristes en accordant des visas à 200 dollars la journée.
Les jeunes bhoutanais ont adopté le jean taille basse, l’internet, la télévision par satellite et le football, mais découvrent aussi la drogue. « Vous êtes l’avenir de la nation! », leur a lancé le roi.
Source : AFP