DECLARATION UNIVERSELLE DE L’UNESCO SUR LA DIVERSITE CULTURELLE
IDENTITE, DIVERSITE ET PLURALISME
ARTICLE 1 – La diversité culturelle, patrimoine commun de l’humanité
La culture prend des formes diverses à travers le
temps et l’espace. Cette diversité s’incarne dans l’originalité et la pluralité des identités qui caractérisent les groupes et les sociétés composant l’humanité.
Source d’échanges, d’innovation et de créativité, la diversité culturelle est, pour le genre humain, aussi nécessaire qu’est la biodiversité dans l’ordre du
vivant. En ce sens, elle constitue le patrimoine commun de l’humanité et elle doit être reconnue et affirmée au bénéfice des générations présentes et des
générations futures.
ARTICLE 2 – De la diversité culturelle
au pluralisme culturel
Dans nos sociétés de plus en plus diversifiées, il
est indispensable d’assurer une interaction harmonieuse et un vouloir vivre ensemble de personnes et de groupes aux identités culturelles à la fois plurielles, variées et dynamiques. Des politiques favorisant
l’inclusion et la participation de tous les citoyens sont garantes de la cohésion sociale, de la vitalité de la société civile et de la paix. Ainsi défini,
le pluralisme culturel constitue la réponse politique au fait de la diversité culturelle. Indissociable d’un cadre démocratique, le pluralisme culturel est
propice aux échanges culturels et à l’épanouissement des capacités créatrices qui nourrissent la vie publique.
ARTICLE 3 – La diversité culturelle, facteur de développement
La diversité culturelle élargit les possibilités de
choix offertes à chacun ; elle est l’une des sources du développement, entendu non seulement en termes de croissance économique, mais aussi comme moyen d’accéder à une existence intellectuelle, affective, morale et spirituelle satisfaisante.
DIVERSITE CULTURELLE ET DROITS DE L’HOMME
ARTICLE 4- Les droits de l’homme, garants de la diversité culturelle
La défense de la diversité culturelle est un impératif
éthique, inséparable du respect de la dignité de la personne humaine. Elle implique l’engagement de respecter les droits de l’homme et les libertés fondamentales, en particulier les droits des personnes appartenant à des minorités et ceux des peuples autochtones.
Nul ne peut invoquer la diversité culturelle pour porter atteinte aux droits de l’homme garantis par le droit international, ni pour en limiter la portée.
ARTICLE 5 – Les droits culturels, cadre propice de la diversité culturelle
Les droits culturels sont partie intégrante des
droits de l’homme, qui sont universels, indissociables et interdépendants. L’épanouissement d’une diversité créatrice exige la pleine réalisation des droits culturels, tels qu’ils sont définis à l’article 27 de la Déclaration universelle des droits de l’homme et aux articles 13 et 15 du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels. Toute personne doit ainsi pouvoir s’exprimer, créer et diffuser ses oeuvres dans la langue de son choix et en particulier dans sa langue maternelle ; toute personne a le droit à une éducation et une formation de qualité qui
respectent pleinement son identité culturelle ; toute personne doit pouvoir participer à la vie culturelle de son choix et exercer ses propres pratiques culturelles, dans les limites qu’impose le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales.
ARTICLE 6 – Vers une diversité culturelle accessible à tous
Tout en assurant la libre circulation des idées par le
mot et par l’image, il faut veiller à ce que toutes les cultures puissent s’exprimer et se faire connaître. La liberté d’expression, le pluralisme des médias, le multilinguisme, l’égalité d’accès aux expressions artistiques, au
savoir scientifique et technologique – y compris sous la forme numérique – et la possibilité, pour toutes les cultures, d’être présentes dans les moyens d’expression et de diffusion, sont les garants de la diversité culturelle.
DIVERSITE CULTURELLE ET CREATIVITE
ARTICLE 7 – Le patrimoine culturel, aux sources de la créativité
Chaque création puise aux racines des traditions
culturelles, mais s’épanouit au contact des autres. C’est pourquoi le patrimoine, sous toutes ses formes, doit être préservé, mis en valeur et transmis aux générations futures en tant que témoignage de l’expérience et des aspirations humaines, afin de nourrir la créativité dans toute sa diversité et d’instaurer un véritable dialogue entre les cultures.
ARTICLE 8 – Les biens et services culturels, des marchandises pas comme les autres
Face aux mutations économiques et technologiques
actuelles, qui ouvrent de vastes perspectives pour la création et l’innovation, une attention particulière doit être accordée à la diversité de l’offre créatrice, à la juste prise en compte des droits des auteurs et des artistes ainsi qu’à
la spécificité des biens et services culturels qui, parce qu’ils sont porteurs d’identité, de valeurs et de sens, ne doivent pas être considérés comme des marchandises ou des biens de consommation comme les autres.
ARTICLE 9 – Les politiques culturelles, catalyseurs de la créativité
Tout en assurant la libre circulation des idées et des
oeuvres, les politiques culturelles doivent créer les conditions propices à la production et à la diffusion de biens et services culturels diversifiés, grâce à des industries culturelles disposant des moyens de s’affirmer à l’échelle locale et mondiale. Il revient à chaque Etat, dans le respect de ses obligations internationales, de définir sa politique culturelle et de la mettre en oeuvre
par les moyens d’action qu’il juge les mieux adaptés, qu’il s’agisse de soutiens opérationnels ou de cadres réglementaires appropriés.
DIVERSITE CULTURELLE ET SOLIDARITE INTERNATIONALE
ARTICLE 10 – Renforcer les capacités de création et de diffusion à l’échelle mondiale
Face aux déséquilibres que présentent actuellement les flux et les échanges des biens culturels à l’échelle mondiale, il faut renforcer la coopération et la solidarité internationales destinées à permettre à tous les pays, en particulier aux pays en développement et aux pays en transition, de mettre en place des industries culturelles viables et compétitives sur les plans national et international.
ARTICLE 11 – Forger des partenariats entre secteur public, secteur privé et société civile
Les seules forces du marché ne peuvent garantir la
préservation et la promotion de la diversité culturelle, gage d’un développement humain durable. Dans cette perspective, il convient de réaffirmer le rôle primordial des politiques publiques, en partenariat avec le secteur privé et la société civile.
ARTICLE 12 – Le rôle de l’UNESCO
L’UNESCO, de par son mandat et ses fonctions, a la
responsabilité de :
– promouvoir la prise en compte des principes énoncés par la présente Déclaration dans les stratégies de développement élaborées au sein des diverses instances intergouvernementales ;
– servir d’instance de référence et de concertation entre les Etats, les organismes gouvernementaux et non gouvernementaux internationaux, la société civile et le secteur privé pour l’élaboration conjointe de concepts, d’objectifs et de politiques en faveur de la diversité culturelle ;
– poursuivre son action normative, ainsi que son action de sensibilisation et de développement des capacités dans les domaines liés à la présente Déclaration qui relèvent de sa compétence ;
– faciliter la mise en oeuvre du Plan d’action, dont les lignes essentielles sont annexées à la présente Déclaration.
Commentaire d’Alain Delaporte-Digard :
Que chacun s’imprègne de ces articles à lire et à relire. Nous devons protéger la diversité de l’être humain, comme il est essentiel de garder une bio-diversité végétale. Au lieu de se combattre au nom des différences, émerveillons-nous de la richesse de ces différences.