Processus de paix
Le 4 mars 2007 furent signé au Burkina Faso les Accords de Ouagadougou entre le président Gbagbo et le chef de la rébellion, Guillaume Soro. Ces accords visent à relancer le processus de paix au sein d’un pays en guerre civile depuis 5 ans.
L’Afrique est une terre tourmentée par ses propres fantômes du passé, s’étouffant depuis des années, elle semble aujourd’hui réellement manquer d’air. Rares sont les pays qui sont restés en marge des conflits du continent africain.
Guerres civiles, génocides, conflits, mouvements et violences politiques, l’Afrique est petit à petit devenu une terre martyre, une terre mise à feux et à sang.
Ce sont les terres d’Ouest qui furent peut-être les plus à même de connaître les rébellions et les violences politiques. Et pourtant des guerres de libération se sont déclarée dans un certain nombre de pays ; En Angola, en Erythrée et au Mozambique vite transformées en guerres civiles pour la libération, le génocide rwandais, les affrontements terribles du Burundi, les guerres civiles de Sierra Leone, de la Côte d’Ivoire et du Liberia.
L’Afrique, terre de beauté et de contraste, a trop souffert.
Aujourd’hui la paix est une nécessité fondamentale et c’est en Côte d’Ivoire qu’elle montre le bout de son nez.
La Côte d’Ivoire, retour sur ses conflits
Après de nombreuses tensions politiques, le 19 septembre 2002, une tentative de coup d’Etat dégénère en soulèvement armé dans les villes d’Abidjan, Bouaké et Korhogo. Lors de ce soulèvement nombres de personnalités politiques manquent de se faire assassiner. Le pays est alors partagé entre rebelles et forces gouvernementales. Le 22 septembre des renforts de l’armée française débarquent, destinés à protéger les ressortissants étrangers vivant dans le pays. Quelque 3000 français sont évacués. Les conflits se poursuivent. Le 17 octobre est signé un cessez-le-feu. Le 28 novembre de la même année, deux nouveaux mouvements rebelles, le Mouvement populaire ivoirien du Grand Ouest (MPIGO) et le Mouvement pour la justice et la paix (MJP) s’emparent de villes de l’Ouest. Malgré les tentatives de négociations lancées par les forces françaises le gouvernement Gbagbo et les rebelles privilégient la force à la parole.
Le 24 janvier 2003 les accords de Marcoussis sont signés. Les rebelles acceptent que soit maintenu le président Laurent Gbagbo au pouvoir mais réclament un nouveau gouvernement, ouvert à tous. L’arrivée de plus de 5000 soldats français en guise de renforts marque le début de l’opération LICORNE. A partir du 4 février des manifestations anti-françaises éclatent à Abidjan, le président Gbagbo tourne le dos à la France et le 4 juillet la fin de la guerre est proclamée. Cependant les tensions s’aiguisent. Le 21 octobre, le correspondant de RFI (Radio France Internationale) Jean Hélène est tué à Abidjan et bien qu’en février 2004 le pays se réconcilie partiellement avec la France, la répression politique de l’opposition se poursuit. Le 25 mars, la répression meurtrière d’une manifestation de l’opposition à Abidjan fera une centaine de mort. La tentative de désarmement des ex-rebelles échoue, la guerre reprend de plus belle.
Le 4 novembre 2004 des avions des forces armés bombardent les repères des rebelles. Le « cessez-le-feu » est officiellement violé. Le 6 novembre, 9 soldats français sont tués et une trentaine sont blessés lors d’une attaque aérienne gouvernementale. S’ensuivront de fortes violences anti-françaises ainsi que des sanctions de la part de l’ONU.
Le 6 avril 2005 sont signés les accords de Pretoria prévoyant la cessation immédiate des hostilités et l’application d’un plan de sécurité pour restaurer la paix dans le pays. Des tensions politiques vont pourtant suivre avec le déplacement des élections politiques du 30 octobre 2005 et la forte opposition des rebelles à toute réforme.
En décembre 2005, un gouvernement de transition est constitué par le nouveau premier ministre Charles Konan Banny nommé par les médiateurs africains. Du 16 au 18 janvier 2006 les partisans de Laurent Gbagbo bloquent Abidjan pour protester contre l’inefficacité du gouvernement de transition. Le 1er Mars, Laurent Gbagbo, le Premier ministre Charles Konan Banny, les opposants Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié, ainsi que le chef de la rébellion Guillaume Soro se réunissent dans la capitale politique du pays, Yamoussoukro. En septembre 2006, suite à l’intoxication de 1500 personnes après la décharge dans les faubourgs d’Abidjan de centaines de tonnes de déchets toxiques provenant d’un navire grec, le Probo-Koala, le gouvernement du premier ministre Konan est fortement affaibli . Le processus de paix est alors « dans une impasse totale » et s’enlise lors du meurtre d’un ancien commandant de gendarmerie français, en février 2007.
La Fin du Tunnel ivoirien
« La guerre est finie en Côte d’Ivoire », lance Laurent Gbagbo. Les soldats français commencent à en voir la fin. Contre toute attente, le 4 mars, Laurent Gbagbo et le chef de la rébellion, Guillaume Soro, signent à Ouagadougou (Burkina Faso) des accords prévoyant la mise en place d’un nouveau gouvernement et le départ progressif des casques bleus et des soldats français déployés dans le pays depuis le début du conflit. Le 4 avril, Guillaume Soro devient premier Ministre. La Zone de Confiance (ZDF) qui séparait le pays en deux commence à être démantelée, permettant une libre circulation de la population et des marchandises.
« Aujourd’hui, toutes les barricades sont levées. Il faut circuler. Allez partout où vous voulez en Côte d’Ivoire. La Côte d’Ivoire n’est plus divisée » déclarait le chef du gouvernement. Selon lui, le maintient de cette ligne de démarcation était l’obstacle majeur à la tenue d’élections légales (« « A compter d’aujourd’hui, nous n’avons plus d’excuses pour ne pas organiser les élections »).
Maintenant que la ZDF n’est plus, la Côte d’Ivoire semble retrouver goût à la paix (« Monsieur le Premier ministre, préparez les élections ! »).
Et pourtant…
La paix semble irréversible. Mais elle n’est pas encore certaine. En Afrique, de nombreuses tentatives de paix ont échoué. Un internaute déclarait lundi 16 avril 2007 : « bien sûr je suis heureux pour mon pays, mais ne nous emballons pas, rien n’est définitif, les hommes politiques sont hypocrites ; surtout en Afrique ! »
Ainsi, certains restent sceptiques quant à la légitimité du gouvernement mis en place. Bien sûr le processus de paix est bien en marche et semble voué à une réussite totale. Bien sûr des élections vont être organisées et la démocratie semble bien destinée à se montrer. Mais comment ne pas douter du bien-fondé d’un si soudain revirement de situation ? Comment pardonner tant d’années de conflits ? « Seule la démocratie représentative permet à un responsable de parler au nom du peuple à condition d’avoir été élu par ce peuple » déclarait Ibrahim Coulibaly, un des cerveaux du coup d’état survenu en décembre 1999.
Il n’y a plus qu’à espérer que la Côte d’Ivoire soit plus séduite par la paix que par les conflits et le pouvoir…
Adeline Journet pour www.buddhachannel.tv