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Cambodge – Au pays des ONG

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Alors que Douch a été condamné à 35 ans de prison pour crimes contre l’humanité, Youphil a suivi à travers le Cambodge l’ONG Enfants du Mékong. Zoom sur un pays meurtri, qui vit, 35 ans après le génocide des Khmers rouges, sous perfusion humanitaire.

À Samaki, un bidonville situé au Nord de Phnom Penh, des ONG apprennent aux habitants à mieux gérer leur argent.

Il est dix-sept heures, Samaki s’éveille. La chaleur étouffante de la journée s’estompe, et avec elle l’odeur pestilentielle des détritus qui jonchent le sol. Le bruit d’une petite cloche retentit. Un vendeur avance péniblement sa roulotte sur les gravats qui font office de place principale. Plus loin, des chiffonnières, un krama sur la tête, s’activent autour d’un amas de tissus multicolores, dont elles découpent des carrés qu’elles espèrent revendre.

Thari Grec, assistante sociale, est notre guide dans Samaki – “solidarité” en khmer. Les 3200 personnes qui habitent ce bidonville, situé à 20 kilomètres au-dessus de Phnom Penh, vivent dans des conditions sanitaires catastrophiques. Sans électricité ni toilettes pour la plupart.

Beaucoup d’enfants ne vont pas à l’école et recyclent les détritus pour aider leur famille. Des pilotis de béton, fournis par l’État, ont été laissés à l’abandon au milieu des marécages, faute de moyens pour finir la construction. A Samaki, pas de maison, pas de voiture. À peine quelques scooters.

Beaucoup d’habitants sont venus s’installer à Samaki après les incendies du centre-ville de Phnom Penh, explique Thari. Depuis 2001, il y en a eu une demi-douzaine. Ici, on murmure que ces feux mystérieux seraient déclenchés par des promoteurs immobiliers – ou pire, par les autorités.

Des ONG investissent le bidonville

Dans un pays qui compte environ 1000 ONG, beaucoup d’organisations tentent de venir en aide aux habitants des bidonvilles. Thari travaille elle aussi pour les ONG internationales. Le jour de notre visite, elle assure la traduction des conseils sanitaires de l’infirmière d’Enfants du Mékong, une ONG d’aide à l’enfance.

Au-delà des besoins sanitaires et sociaux, les ONG tentent de trouver des solutions aux problèmes financiers des habitants, dans un pays où peu de personnes ont un compte en banque, précise Thari. La plupart ont perdu leur emploi, d’autres sont ouvriers pour moins de 3 dollars par jour. Beaucoup sont surendettés.

Des systèmes de microcrédit existent, certaines ONG prêtent aussi de l’argent aux habitants pour qu’ils puissent construire leur maison. Pas simple, nous explique Thari, alors que nous poursuivons notre chemin entre les cabanes de bois. “On s’est aperçu que les familles utilisaient parfois l’argent qu’on leur donnait pour des besoins disons, pas forcément vitaux, comme l’achat de cigarettes ou d’alcool. C’est pourquoi nous venons leur rendre visite régulièrement, pour voir comment elles utilisent l’argent et leur apprendre à le gérer.”

Thari nous guide ensuite entre les pagodes de bois et de tôle, collées les unes sur les autres, pour nous présenter Nop Kea. Cette mère de famille vit à quelques mètres d’une voie de chemin de fer, au-dessus des marécages. Son voeu le plus cher serait d’avoir des toilettes. Impossible dans l’immédiat, car sa famille, nous confie-t-elle, doit faire face à de graves problèmes d’argent.

Pour inciter les habitants – souvent analphabètes – à mieux gérer leur faible budget, les travailleurs sociaux ont imaginé des jeux de cartes. Par exemple, une carte représente la nourriture, une autre le cahier pour l’école des enfants, une troisième l’alcool. Il faut, à chaque fois, tirer les bonnes cartes, déterminer quel est le budget nécessaire pour chacune.

Une manière de responsabiliser les parents. De leur permettre, aussi, de rêver à un avenir meilleur, pense Thari. Nop Kea, elle, souhaiterait que son fils devienne médecin.

Retrouvez l’intégralité du dossier su le Cambodge réalisé par Youphil


Source: YOUPHIL




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